La démarche professionnelle recherche-action de Jean Epstein est basée sur trois axes :
-La construction des repères chez l’enfant, dans la mouvance que dessinait Dolto, qui disait : « 
Une société n’a de valeur qu’en fonction de ce qu’elle choisit de donner à ses enfants », ou encore : « Il coûte moins cher d’aider un enfant et une famille à se construire plutôt que d’attendre qu’ils dysfonctionnent pour les soigner ».
-L’évolution de la famille et la place de l’enfant dans la famille.
-L’évolution des pratiques éducatives sur le terrain, aux côtés des professionnels.
Jean Epstein a été,
de 1980 à 1990, responsable du secteur enfance de la Fondation de France,
avec pour mission d’ impulser,d’ accompagner et de faire reconnaître des réponses innovantes en matière de petite enfance. A ce titre, il a contribué à l’institutionnalisation des crèches parentales, issues des « crèches sauvages » organisées par certains parents dans les années 1980, faute de modes de garde et, en 1989, des Relais d’Assistantes Maternelles.Puis, au début des années 2000, du multi-accueil à Ajaccio, avec le souci de faire rimer ce mode de garde avec souci de qualité et bientraitance.

Vendredi 21 février les PEP 87 ont reçu, dans le cadre de l’assemblée des personnels, Jean Epstein pour une conférence sur le jeu



Psychosociologue, kinésithérapeute formé par Boris Dolto, Jean Epstein est, depuis 1974, spécialiste des questions relatives au développement de l’enfant et de l’adolescent et l’un des experts-référents des modes d’accueil du jeune enfant, en France comme à l’étranger.

Jean Epstein est l’auteur d’une douzaine d’ouvrages, dont L’explorateur nu : plaisir du jeu, découverte du monde, Les Editions universitaires (1999) ; Comprendre le monde de l’enfant (2010), Le jeu enjeu (2011), Histoires de petits-  grands – A l’usage des adultes qui se posent des questions (2013), chez Dunod ; Assistantes maternelles, un monde extraordinaire (2018) et Un, deux, trois, soleil : Agir contre la violence ordinaire, Philippe Duval Editions (2019).

Pour Jean Epstein, le jeu constitue l’alpha et l’oméga de l’univers de l’enfant. Un enfant joue 24 heures sur 24, il joue ses joies, ses peines, ses peurs : tout est jeu chez un enfant. Le jeu alimente sans arrêt le type de développement d’un enfant, au même titre que son développement alimente son jeu. Un enfant ne joue pas pour apprendre, mais il apprend « parce » et « par ce » qu’il joue. Il faut lui proposer des choses très variées, mais surtout ne pas chercher à exploiter le jeu à des fins d’apprentissage, sous peine de le dégoûter. Et sans tomber dans les deux écueils éducatifs actuels : chercher à faire entrer tous les enfants dans le même « moule » et les sur-stimuler, dans une recherche constante de la performance.

Notre système éducatif actuel – qui débute dès la naissance – valorise les « bons élèves », ceux qui reproduisent le modèle, plutôt axé sur la logique. Tandis que les créatifs sont souvent taxés de noms différents : en crèche, ils sont « imaginatifs » ; en maternelle : « créatifs, rêveurs », et, très vite, catalogués « à problèmes, en échec… ». Mais il a  été montré que 85 % des métiers que les enfants exerceront dans les années 2030 n’existent pas encore. Et que les mieux préparés ne sont pas ceux qui reproduisent le modèle, mais ceux qui auront l’imagination pour créer ces entreprises et des métiers de demain.

Pour que les acquisitions se fassent, plein de choses doivent être déjà bien installées. C’est pourquoi la fourchette d’apprentissage est très large selon les enfants : entre dix et vingt-et-un mois pour la marche, entre deux et sept ans pour la propreté, entre quatre et neuf ans pour la lecture, conduisant les parents à avoir des exigences ridicules envers les professionnels En témoigne cette question entendue dans toutes les crèches le soir : « Qu’est-ce qu’il a fait aujourd’hui ? ». Sous-entendu : « Qu’est-ce qu’il a produit ? »

Pour que les choses fonctionnent, il est nécessaire que parents, enfant et professionnels se positionnent sur ce que Jean Epstein appelle le triangle de la confiance. Les trois parties doivent avoir confiance en elles-mêmes et en les deux autres. La question du mode de garde, c’est avant tout une histoire d’adultes : si une vraie confiance s’installe entre parents et professionnels, il n’y a pas de raison que l’enfant aille mal. Mais ce triangle de la confiance est désormais faussé par ces exigences parentales envers les professionnels. Et également par les angoisses terribles que cette pression contre-nature fait peser sur les enfants.